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Category: Beaux-arts

Tableaux musicaux 

Tableaux musicaux 

Une performance qui propose une expérience inédite

Section Beaux-Arts
Jeudi 26 septembre 2024, 19h30, local du Lyceum Club

Conversations sans titres
Une création transdisciplinaire :
Musique composée par Carole Battais
Inspirée des peintures de colette b.
Mise en images vidéo de Zoé Gronchi

Colette Eigenheer-Bourquin (colette b) vit à Neuchâtel. C’est une artiste active dans notre région depuis de nombreuses années. Elle a présenté des expositions aussi bien en Suisse qu’à Paris et Bruxelles. En 2022 un livre (édité aux éditions du Griffon) et intitulé « colette b, En chemin… » , retrace son parcours artistique. Elle aime résumer sa biographie par ce court extrait :
« Champs de couleurs. De silence et de lumière. Monochromes. Quête permanente de l’essentiel. Quête du retour, une nostalgie à retrouver l’essence. »
C’est ce qui fonde toute la démarche créative de colette b. (extrait du texte de Valérie Maire, exposition Galerie Couteron Paris , juillet 2012)

Carol Battais vit à Neuchâtel. Elle a fait ses études professionnelles de piano à Lausanne. Elle a enseigné au conservatoire de Neuchâtel. Une année passée au Brésil lui a donné le goût de l’improvisation, les musiques du monde et du jazz qu’elle pratique actuellement en priorité. Le rythme du montage vient se caler sur les compositions musicales de Carole Battais, formant ainsi la clé de voûte d’un parcours audiovisuel riche en découverte où se mélangent musique, peinture et vidé

Zoé Gronchi vit à Lausanne. Elle a étudié à la HEAD de Genève et a obtenu son Bachelor en Arts Visuels. La vidéo est son médium de prédilection. Travailler avec Carole Battais et colette b lui ont permis d’enrichir sa pratique vidéo, de la penser autour d’autres oeuvres. Le challenge pour elle, a consisté à faire le pont entre les peintures et la musique en mettant en mouvement les tableaux sur un tempo particulier, et à animer des images fixes en proposant une déambulation picturale qui suit la progression de la musique à travers des mouvements de caméras et un montage particulièrement travaillé.

Prix des billets :

Adultes: CHF 15.- Lycéennes: CHF 10.- Jeunes en formation: entrée gratuite

Responsables de section «Beaux-Arts» du Lyceum Club de Neuchâtel:

Anne Catherine Hubleur 076 443 25 02, cathy_hubleur@hotmail.com;
Laure-Anne Benz 079 437 59 72, laure-anne_benz@bluewin.ch

Sandra Mattsson, Photographe en pleine nature

Sandra Mattsson, Photographe en pleine nature

Mardi 14 mai 2024, 16h-17h30 au local du Lyceum Club

Enseignante au Lycée Denis-de-Rougemont, Sandra Mattsson est une photographe animalière originaire du Val-de-Ruz. Elle se passionne très tôt pour l’ornithologie et a élargi au fil du temps ses intérêts à l’ensemble de la faune sauvage puis des paysages et de la botanique. Cette passion lui a permis de réaliser à quel point le règne animal se révèle fragile. Par conséquent, elle a entrepris diverses actions pour le protéger à son échelle.

Par exemple, elle a notamment aménagé son jardin afin d’y favoriser la biodiversité, construit des maisons à hérissons, fixé des nichoirs et créé des bassins d’eau. L’éthique est au cœur de son travail. C’est la raison pour laquelle elle présente aujourd’hui les moyens d’approcher les animaux sauvages de la région sans les déranger. Cette démarche lui permet de saisir des clichés montrant les comportements authentiques
de la faune.

Entrée

Chapeau à la sortie afin de soutenir Sandra dans ses projets.

Organisation

Responsables de section « Beaux-Arts » du Lyceum Club de Neuchâtel: Laure-Anne Benz, tél. 079 437 59 72 et Anne-Catherine Hubleur, tél. 076 443 25 02

! Attention à l’horaire de cette présentation !

Conférence 1er novembre 2022

Conférence 1er novembre 2022

Artistes femmes : Vers une reconnaissance par le biais de l’intime

Marie BAGI

Présidente et fondatrice de l’Espace Artistes Femmes : Rose-Marie Berger, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

Mardi 1er novembre 2022, 19h30

Local du Lyceum, Beaux-Arts 11 1er étage, 2000 Neuchâtel

L’intime – de la vie à l’œuvre de l’artiste – est une notion importante afin de comprendre l’art contemporain aujourd’hui. Par ce biais, les artistes femmes pourraient atteindre une reconnaissance dans le monde de l’art qui, jusqu’alors, ne leur a pas été donnée, ou si peu.
Organisatrice : Chloé-D. Brocard

Entrée : Adultes : CHF 15.- Lycéennes : CHF 10.- Jeunes en formation : gratuit
Inscription : si possible en répondant à l’invitation en ligne ou par SMS au 079 378 47 32, jusqu’au dimanche 30 octobre 2022.

Beaux-Arts 7

Beaux-Arts 7

Quelques propositions de balades artistiques pour votre été 

A Bulle, au Musée gruérien :

Exposition d’œuvres d’André Sugnaux, intitulée « Passions russes ».

André Sugnaux est parti en 1988 à St-Pétersbourg pour y apprendre l’art des icônes. L’exposition présente des portraits et des paysages inspirés de cette expérience.

Jusqu’au 3 octobre 2021. Infos sous www.musee-gruerien.ch

A Charmey, au Musée :

Terre à terre : rencontre avec l’expression céramique contemporaine.

(En plus, l’endroit est pittoresque et sympathique … et il y a les bains, et de bons bistrots !)

Jusqu’au 24 octobre 2021. Infos sous www.musee-charmey.ch

A Gruyères, au Musée HR Giger :

Si vous ne l’avez pas encore vu, et si cet univers décalé, onirique, parfois angoissant, de science-fiction ne vous fait pas peur, c’est à voir …

(Plus les meringues à la crème ou une bonne fondue en sortant …)

Infos : www.hrgigermuseum.com

A Vevey, Musée Jenisch :

Au Pavillon de l’estampe : Œuvres de Jean Lecoultre. L’œil à vif.
Et en même temps, jusqu’àu 5 septembre 2021, des œuvres d’Oskar Kokoschka. L’appel de Dresde.

(Beau musée, pas loin de la gare, et le lac est tout près …)

Infos: www.museejenisch.ch

Voilà, juste un petit aperçu de ce que nous présente le monde artistique cet été !

En ce qui vous concerne, amies Lycéennes, la section Beaux-Arts vous réserve deux belles surprises pour cet automne-hiver ! Bel été et à bientôt.

Chloé-D.

Beaux-Arts 6

Beaux-Arts 6

Cours vidéo de dessins et aquarelles

Cabane – Dessin (c) Anne Catherine Hubleur

Je me lance à partager avec vous mon expérience d’exercices de dessin et d’aquarelle. Je suis passionnée depuis quelques années par le croquis aquarellé lors de mes voyages. Les voyages annulés, je me suis inscrite, en avril 2020, à des cours en vidéo donnés par un artiste peintre genevois Éric Alibert.
Je vous recommande vivement d’aller voir son site et ses nombreux ouvrages édités. Le livre nommé « Alpes » a été offert au pape François par Alain Berset, président de la Confédération en 2018.
Une fois par semaine, Eric Alibert propose un thème, avec explications, démonstrations, proposant des modèles d’autres artistes à reproduire ou des photos. Les thèmes sont variés : nuages, arbres, bosquet, montagne, oiseaux, fleurs, couleur de la neige, etc. Je reçois avec d’autres participantes, la correction de mes exercices.

Ces cours ont rythmé ces semaines de confinement et m’ont donné l’occasion d’observer toujours plus précisément et attentivement la nature et les sujets à peindre. Malgré une certaine aversion pour le numérique, j’apprécie ces cours et le travail en solitaire qui favorise la concentration. Quelques amies suivent ces cours et nous pouvons heureusement communiquer et partager nos joies et peines suivant les difficultés de nos apprentissages.

Alors voici quelques images de mes exercices qui je l’espère vous donneront envie de prendre le crayon et le pinceau ou de partager vos créations avec nous.

Anne Catherine H

Beaux-Arts 5

Beaux-Arts 5

Bal masqué – bas les masques …

Chloé-D. Brocard, Bal masqué, 60 x 60 cm, 2020

C’est une toile réalisée l’hiver passé, avant la pandémie donc. Je l’ai appelée « BAL MASQUÉ ». Elle m’évoquait une scène floue où des personnages aux traits indistincts, oniriques, un peu grotesques, s’adonnaient à une bacchanale ou autre danse rituelle … Derrière ce flou, des restes de barreaux sont visibles … bref, une bacchanale masquant une autre réalité nettement moins festive …

Hiver 2020-2021 : on se croise sans se frôler, les regards parfois se cherchent et se reconnaissent, ou au contraire s’évitent et se font vides d’expression. On devine parfois un sourire sous le masque quand le papier ou le tissu s’étire un peu. On s’amuse un peu devant les masques maquillés au tissu moqueur et on rigole un peu moins en face des nez de canards, trop enclins à nous rappeler la dangerosité du mal sournois qui nous entoure …

J’ai envie de débaptiser ma toile et de la renommer « BAS LES MASQUES ». Mais j’ai peur. J’ai peur de ce que je risque de faire alors apparaître au premier plan …

Car, si derrière, il y avait réellement d’autres barreaux, d’autres prisons, d’autres grillages ? Et si ces barreaux représentaient ce qui nous a ligotés, la surconsommation, le non-respect du Vivant, les besoins effrénés de satisfaire immédiatement notre petit moi … Nous risquons alors de nous retrouver une nouvelle fois à hurler silencieusement notre souffrance, de manque d’Amour, de manque de reconnaissance, de manque de connexion avec notre Terre Mère … encore et encore. Et là, aucun masque ne nous protégera de notre souffrance …

Alors, pour l’heure et peut-être lâchement, je préfère l’inconscience de la bacchanale, dans une relative sécurité partagée dans une folie collective, que de lever le masque et de découvrir cette autre réalité, encore plus destructrice de ce qui est ou devrait être l’être humain … Pour l’heure, j’ai bien dit, pour l’heure …
Fortunately, tomorrow is another day …

Ces propos n’engagent que moi, en ce samedi ensoleillé du 9 janvier 2021 …

Chloé-D.

Beaux-Arts 4

Beaux-Arts 4

PETITE CHRONIQUE DE LA COULEUR

LE VERT : HISTOIRE ET SUPERSTITIONS/ 2

Le 18e siècle apporte ses « lumières » non seulement dans le domaine de l’esprit, mais aussi dans la vie quotidienne ! Les éclairages s’améliorent, les fenêtres s’agrandissent, on voit mieux les couleurs, on leur accorde davantage d’attentions. La chimie des couleurs a fait des progrès, qui favorisent ceux de la teinture et de la production textile. Les tons se diversifient. Mesurable par la physique, produite et reproduite à volonté par la technique, la couleur apparaît pour la première fois de son histoire comme plus ou moins maîtrisée. Alors elle perd un peu de son mystère. On laisse de côté des questions débattues durant des siècles à son propos, telles la morale, la symbolique, l’héraldique, et on s’engoue pour la colorimétrie, la mode et « les couleurs au goût du jour ». Tout cela ne profite guère au vert. Il faudra attendre la fin du siècle pour que la place du vert dans le vêtement ou dans l’ameublement soit plus fréquente. Le 18e siècle, en tout cas jusqu’aux années 1780, est le siècle du bleu ! J’en parlerai dans une autre chronique ! De plus, l’idée circule que le vert et le bleu (le premier dans le cœur des citoyens) s’accordent mal. Et ce vert, ce si mal aimé, ne met pas les femmes en valeur, le soir à la chandelle (tout le monde ne bénéficiait pas encore d’un éclairage adéquat !) ; il s’affadit et tire vers un brun plus ou moins sale. En plus, certaines personnes continuent à croire qu’il porte malheur ! Il passe encore pour dangereux, ayant partie liée avec les démons et les sorcières.

Le vert, c’est la couleur de Satan, du diable, des ennemis de la chrétienté (référence à l’islam dont c’est la couleur fédératrice), des êtres étranges, fées, sorcières, lutins, génies des bois et des eaux, des super-héros, des martiens, petits hommes verts de la SF. Il joue le rôle de l’ailleurs, de l’étrangeté, du fantastique.

On doit à Goethe, dans son fameux « Traité des couleurs », l’idée d’associer chaque couleur à une catégorie sociale. Il fera du vert la couleur des bourgeois et des marchands, du rouge celle de la noblesse, du noir celle du clergé et du bleu celle des artisans et des ouvriers. On est au début du 19e siècle et Goethe voit dans le vert une couleur apaisante.

On pourrait penser que dans cette période romantique, qui voit venir un renouveau de l’attrait pour la nature, que le vert deviendrait une couleur « romantique ». Or, ce n’est pas faux, mais pas tout à fait exact non plus. Peintres et poètes, qui aiment mettre en scène la nature, y voient bien d’autres couleurs que le vert ; il y a l’eau, le ciel, la mer, la lune, etc. Et dans leurs œuvres, on y voit bien davantage du bleu et du noir que du vert !

Pour autant, n’oublions pas la place que le vert a eue précédemment chez ceux qu’on appelle les préromantiques. Là, le vert de la nature, du monde végétal, retient l’attention des poètes et artistes. Ce vert est un refuge, une source d’inspiration, une couleur divine que mettra en scène Jean-Jacques Rousseau dans « La Nouvelle Héloïse » et dans « Les Rêveries d’un promeneur solitaire ». La mode est aux herbiers, à la peinture de paysage.

Mais en ce début du 19e siècle, apparaît alors le vert de la liberté ! La distinction progressive chez les peintres, puis chez les savants, faite entre les couleurs « premières » et les couleurs « secondaires » avait en effet conduit à faire du vert le contraire du rouge. Ce dernier étant depuis longtemps la couleur de l’interdiction, le vert, son contraire, est devenu tout naturellement celle de la permission. D’où la signalisation bichrome qui s’installe dans quelques ports, puis dans la signalisation ferroviaire, puis plus tard dans la signalisation routière.

Plus près de nous …

Il y a un peu plus d’un demi-siècle encore, le sérieux, le légal, l’officiel, le juste, le vrai, s’exprimaient en noir et blanc. Les couleurs étaient pour le frivole, le loisir, le pittoresque, voire la débauche. Couleurs frivoles dont il vaut d’ailleurs mieux se dispenser ! Héritage de la réforme protestante et de sa classification des couleurs en deux groupes : honnêtes ou déshonnêtes. Cette distinction, apparue au 16e siècle, avait encore cours dans la seconde moitié du 19e siècle. Quand les industries commencent à produire à grande échelle des objets de consommation, les couleurs vives sont exclues. Rouge, jaune et vert sont rejetés. Ce n’est en rien dû à des contraintes imposées par la chimie des colorants, mais bien à l’éthique protestante qui était très présente. Jusqu’à fort avant dans le 20e siècle, le grand capitalisme financier et industriel, des deux côtés de l’Atlantique, est aux mains de familles protestantes qui imposent leurs valeurs, leurs normes, leurs principes.

Jusqu’au milieu du 20e siècle, le vert est très timide encore dans les objets du quotidien. C’est dans le monde des jouets, des livres et des images pour enfants qu’il trouve son meilleur rôle entre les deux guerres. Meilleur exemple, celui de Babar, toujours vêtu d’un bizarre costume vert, d’une chemise blanche et d’un nœud papillon rouge. C’est un vert gai ! A l’opposé, cette période a aussi vu se développer des verts très laids, repoussants, mais voulus tels quels, des verts qui se fondent dans le paysage, qui ne se salissent pas, tels les uniformes militaires par exemple. On connaît le kaki (venant d’un terme ourdou signifiant « couleur de terre »). L’adoption de cette couleur a marqué une rupture brutale avec les couleurs vives destinées à être vues de loin et à rendre fier celui qui portait les couleurs emblématiques de son régiment.

Il faut aussi voir l’impact qu’a eu l’intérêt toujours plus grand pour l’hygiène et la santé dans la vie du vert. L’Europe urbaine, dans la seconde moitié du 19e siècle déjà, souffre de pollution et les villes manquent cruellement de verdures. On encourage la création de jardins privés, on encourage le jardinage. On sait maintenant l’intérêt qu’ont les espaces verts pour la santé. Alors on crée des jardins publics, et là, tout est vert, les chaises, le mobilier, les grilles, les kiosques, etc. Le lien se fait alors en toute discrétion entre ce vert végétal et hygiénique et le vert médical, né vers la fin du Moyen Age (pendant des siècles, les remèdes étaient pour la plupart issus du monde végétal). D’abord couleur des vêtements des chirurgiens, le vert est devenu la couleur de la médecine et de la pharmacie. Même si, dans ces domaines, beaucoup d’autres couleurs ont fait depuis leur apparition. Où il faut mettre l’accent sur l’hygiène, la fraîcheur, le vert est présent.

Sur le plan civique et politique également, le vert est revendiqué par différents mouvements et courants d’opinion, plaçant au centre de leurs préoccupations la sauvegarde de l’environnement et les attitudes eco-responsables. Le vert est donc devenu une couleur idéologique et politique.

La véritable force symbolique de cette couleur dans les sociétés occidentales contemporaines, c’est la triade : santé – liberté – espérance. Le vert véhicule une idée de liberté, de naturel, il est riche de multiples espérances, tant pour l’individu que pour la société. Autrefois délaissé, le vert serait-il devenu une couleur que l’on pourrait qualifier de « messianique » ?

Et si l’on résumait ainsi :

Le vert est incertain, il se décolore à la lumière, il s’évapore, il s’obscurcit, il jaunit :
Pendant longtemps, le seuls moyens à disposition pour teindre/peindre en vert étaient d’origine végétale ou minérale, peu fiables quant à la qualité du résultat.

Le vert est dangereux, corrosif, toxique, il engendre des maladies, c’est la couleur du poison :
Quand d’autres moyens de teinture ont été introduits, chimiques, on a obtenu de meilleurs verts plus beaux, plus vifs, mais dangereux pour la santé car toxiques !

Le vert est instable, changeant, le fruit du hasard.
C’est ce qui lui a valu d’être appliqué à tout ce qui est incertain, hasardeux, aux jeux d’argent, à l’envie, à la jalousie, etc.

Le vert est associé à tout ce qui est maléfique, aux démons, aux sorcières, aux fées capricieuses.

La « faute » à La Réforme protestante, et avant elle à l’Eglise catholique. La première ne reconnaissait pas le vert comme « honnête » (et aucune autre couleur vive d’ailleurs), et la seconde l’associait au diable, au démon.

Le vert a passé par toutes phases d’amour, de désamour, de mauvaise réputation, de réhabilitation.

La « faute » aux instances, telles l’Eglise, la Science, à l’inconstance des hommes, aux modes, aux diktats pseudo-scientifiques.

Mais c’est aussi et bien heureusement la couleur de la fraîcheur, de la jeunesse, du calme, de l’harmonie, du naturel … c’est le signe de la liberté, de la croissance.

Un oubli de taille : La fée verte !

Une grande oubliée dans ma petite histoire du Vert : la fée verte ! Votre Fée verte, amies neuchâteloises et jurassiennes !

Mais, je l’espère, vous pardonnerez à une Vaudoise native du Léman l’affront fait à ce mythe bien jurassien ; une vaudoise dont l’enfance n’a pas été bercée par les légendes et histoires troublantes que cette brave « fée » a semées à tous vents ! Même si, pourtant, oui, quelques souvenirs, une bouteille qui n’était sortie que dans les grandes occasions, bouteille sans étiquette, obtenue sous le manteau, au contenu que mon père versait avec précaution par-dessus des cuillères ad hoc confectionnées par ses soins … Rituel d’adultes, où le mot « bleue » revenait souvent, avec plein de regards et de sous-entendus …

Je ne vais pas revenir ici sur l’épopée de la « fée verte », ou « bleue », déjà abondamment documentée dans notre canton ; je vais juste vous donner à lire et apprécier quelques faits et citations que l’on attribue, à tort ou à raison, à l’effet magique et/ou désastreux (c’est selon …) de cette boisson !

D’abord son nom, sa couleur. Nulle trace de vert dans cette eau opaline, brumeuse, ou alors si peu … Il faut sans doute en avoir déjà bien abusé pour apercevoir, comme le dit l’écrivain irlandais Oscar Wilde » une eau vert émeraude » et, cerise sur le gâteau, voir flotter aux alentours des petites fées … vertes !

On trouve pourtant un peintre, Poubarbeau (XIXe siècle), qui l’utilisait comme « nom de couleur », avec une évocation implicite du charme toxique de la liqueur ; il l’associait à la couleur du « charme des yeux » …

Et on doit aussi à Oscar Wilde une citation, disons, d’un cynisme déroutant : « Le premier verre vous montre les choses comme vous voulez les voir, le second vous les montre comme elles ne sont pas ; après le troisième, vous les voyez comme elles sont vraiment. Et il n’y a rien de pire ». Disons qu’il n’avait pas l’ivresse très gaie …

Cette fée verte a contribué à de nombreuses œuvres, voire outrances, artistiques, que ce soit en littérature, avec Verlaine, Rimbaud, Victor Hugo, Edgar Allen Poe, Jack London, ou en peinture, avec Manet, Toulouse Lautrec, Degas, Picasso et j’en passe … qui ont tous à un moment ou à un autre, parlé ou « peint » l’absinthe. On lui prêtait même des vertus particulières capables de susciter l’imagination et la créativité …

On dit aussi que la fameuse oreille coupée de Van Gogh aurait pour origine une dispute entre Gauguin et Vincent. Ce dernier, furieux, lança un verre d’absinthe à la tête de Gauguin et le menaça avec un rasoir. Puis il s’enferma dans sa chambre et se coupa l’oreille … Info ou intox ?

Et puis, s’il fallait encore, à l’époque, un argument en faveur de la dangerosité de cette liqueur (due à la fameuse thuyone, ingérée en excès), on pouvait citer l’apôtre Jean, qui, dans l’Apocalype du Nouveau Testament disait : « Le troisième ange sonna de la trompette : il chut du ciel une grande étoile qui flambait comme une torche ; elle tomba sur le tiers des fleuves et des sources. Cette étoile s’appelle « l’Absinthe ». Ainsi le tiers des eaux tourna en absinthe et bien des gens moururent d’avoir bu ces eaux empoisonnées » !

Je terminerai par ce poème, cité dans « Les buveurs d’absinthe », d’Octave Féré et Jules Cauvain :

Absinthe ! déesse / Aux feux verts, / Près de toi, maîtresse / Sans travers, / Qu’est cette duchesse / De Nevers, / Cette charmeresse / Aux yeux pers ? / Rien qu’une drôlesse ! / Absinthe, déesse / Aux feux verts ! 

Chloé-D. B

Références bibliographiques :

Michel Pastoureau : Histoire d’une couleur, Vert. Ed. Du Seuil.

Michel Pastoureau : Les couleurs de nos souvenirs. Ed. du Seuil

Michel Pastoureau/Dominique Simonnet : Le petit livre des couleurs. Ed. du Panama

Elisabeth Brémond : L’intelligence de la couleur. Ed. Albin Michel

Barbara Blin Barrois : Vert. Ed. Eyrolles.

Et pour la fée verte : L’absinthe et les artistes. Racines comtoises. Patrimoine et photographies de Franche-Comté – Coucou la Suisse : l’absinthe au Val de Travers – Wikipedia

Beaux-Arts 3

Beaux-Arts 3

PETITE CHRONIQUE DE LA COULEUR

LE VERT : HISTOIRE ET SUPERSTITIONS / 1

Les superstitions, les croyances liées aux couleurs sont tout à fait indissociables de l’histoire sociale, du rôle de l’Église, des grands de ce monde, des scientifiques et des pseudo-scientifiques, ainsi que de tous ceux – écrivains, philosophes, entre autres – qui se piquaient de vérités concernant le monde des couleurs ! Il faut donc remonter le temps et aller à la rencontre de ce vert au travers des hauts et des bas de notre aventure humaine. Pas facile, parce qu’on se rend vite compte que sa cote a considérablement varié d’une période à l’autre, sans qu’on puisse toujours savoir pourquoi, parce que les raisons en ont été multiples. Il y a des périodes floues, confuses, des périodes où les diktats de la bourgeoisie et/ou de l’Église faisaient foi, d’autres où la frivolité, le paraître, la mode dirions-nous, contrebalançaient les idées reçues et la rigueur ambiante, et d’autres encore, telle notre époque moderne, où la nature, sa protection, sont devenus des thèmes incontournables et ont trouvé leur code couleur emblématique, le vert.

Partons de l’Antiquité. Difficile de savoir exactement comment les civilisations antiques percevaient, et même concevaient les couleurs. On sait que le grec ancien possédait un vocabulaire chromatique extrêmement restreint. Il n’y avait que deux termes qui correspondaient à un champ coloré bien délimité, un pour le blanc et un pour le noir. Un troisième couvrait un champ un peu vague, se situant dans la gamme des rouges. Il semblerait que cela n’ait pas été propre à la Grèce, mais très répandu dans la plupart des langues anciennes. On était plus dans l’expression d’un « sentiment » de la couleur que dans l’expression de la couleur elle-même. On se contentait de notions de clair, sombre, vif, terne, etc. Il semblerait aussi que pour les Grecs anciens, les couleurs de la nature n’étaient pas vraiment des couleurs et que les nommer n’avait guère de sens. Platon, par exemple, estimait que « l’on ne peut parler de couleurs que lorsque celles-ci sont vues et perçues par l’œil humain ! » Tout cela a même contribué à des polémiques sans fin, durant des siècles, quant au fait de savoir si oui ou non les Grecs voyaient les couleurs, et ces thèses ont encore été explorées jusqu’au début du 20e siècle !

Les Romains étaient mieux lotis quant à leur capacité lexicale de nommer les couleurs : Viridis, d’où sont issus tous les mots qui désignent la couleur verte dans les langues romanes. Et le latin avait encore plein d’autres termes pour désigner les différents verts. Alors pourquoi les Romains et pas les Grecs ? Est-ce parce qu’ils étaient avant tout des ruraux ? La vie à la campagne les a-t-elle conduits à être plus attentifs au vert et à nommer cette couleur plus fréquemment ? Ou était-ce dû à une question de technique ? Étaient-ils plus habiles que les Grecs pour teindre et peindre en vert ? Les historiens de la couleur n’ont pas la réponse. De fait, en ces lointaines périodes, les Romains utilisaient peu le vert, cette couleur était surtout présente dans les vêtements des classes les plus pauvres.

Par contre, on sait que dans les mondes barbares (c’est-à-dire ces peuples venant du nord de l’Europe ou d’Asie), le vert abondait, sur les étoffes et les vêtements. En Égypte ancienne, il était même considéré comme bénéfique et très protégé. Les animaux verts, tel le crocodile, étaient des animaux sacrés. Cette couleur était aussi associée aux rites funéraires, censés protéger le défunt dans l’au-delà. C’était la couleur d’Osiris, dieu funéraire, et aussi dieu de la végétation et de la terre. Son visage est souvent représenté dans cette couleur, symbole de fertilité, de croissance et de résurrection. Le hiéroglyphe qui représente la couleur verte est une tige de papyrus, avec une symbolique toujours positive.

Quittons l’Antiquité. Dès les 1ers siècles de notre ère, le vert trouve une place de choix dans les décors. Pour preuves, les nombreux trompe-l’œil que l’on découvre dans les villas romaines. Les peintres disposent de pigments variés pour exprimer cette couleur ; ils peuvent les mélanger, les superposer pour obtenir de beaux effets et nuances, ce qui n’est pas le cas du teinturier ! C’est également l’époque de la polychromie dans l’architecture et la sculpture. Tout, ou presque, est peint, y compris les statues. Sous l’Empire romain, le vert trouve sa place, au même titre que le violet, l’orangé, le rose et même le bleu !

Mais les défenseurs des traditions dénoncent l’arrivée de ces colores floridi, frivoles, vulgaires, trop vives. Ils les opposent aux colores austeri, sages, dignes, que sont le blanc, le rouge, le jaune, le noir. Ils protestent contre ces pigments nouveaux (beaucoup venus d’Orient), contre les pratiques de mélanges qui « dénaturent » les couleurs. Pline, Ciceron, Sénèque, pour ne citer qu’eux, dénoncent ces « modes nouvelles » et font le lit de ce qui deviendra plus tard les morales de la couleur, celles qui distingueront les couleurs honnêtes des couleurs deshonnêtes, morales de la couleur qui, de l’Empire romain à quelques puritains du XXe siècle, trouveront toujours de nombreux adeptes. Dans tous les cas, à leurs yeux, le vert a toujours été classé dans le mauvais groupe ! Notons quand même l’exception notoire, celle de Néron, qui est connu pour avoir adoré le vert ! Il s’habillait en vert, collectionnait les émeraudes, et était porrophage (amateur de poireaux)! Comme quoi, il n’avait pas que des défauts ! Il semblerait que regarder une émeraude avait une vertu thérapeutique, celle d’apaiser la vue ! Les scribes s’en servaient aussi.

Au Moyen Age central, à partir des années 1000, on assiste à une revalorisation de la couleur verte, plus souvent prise en bonne part qu’en mauvaise. Spécialement dans le domaine de l’art et de la poésie. La littérature courtoise en fait la couleur emblématique du monde végétal, mais aussi celle de la jeunesse et de l’amour, et la chevalerie s’en empare aussi sur les champs de tournoi.

Nous sautons à la fin du Moyen Age, là où interviennent des changements dans les techniques de teinture, qui se traduisent par des résultats inégaux sur l’étoffe et le vêtement. Il y a les procédés anciens, les plus répandus encore, qui donnent toujours des verts ternes et grisés. Les procédés nouveaux, plus rares, parfois toxiques, donnent de très beaux verts, lumineux, vifs.

Le tabou du vert chez les comédiens

Il faut remonter assez haut dans l’histoire pour trouver, peut-être, l’origine de ce tabou. On est à la fin du Moyen Age ; la légende raconte comment plusieurs acteurs seraient morts après avoir joué le rôle de Judas, traditionnellement vêtu de vert, de jaune, ou de vert et jaune. Teindre en vert était encore un exercice difficile. Et au théâtre, pour bien identifier les personnages, les couleurs des costumes devaient être franches et vives. Et le vert issu des teintures végétales produisait des tons grisés, délavés. On lui préférait le verdet (sorte de vert-de-gris) obtenu à partir de différents acétates de cuivre. Il était si toxique, par ses vapeurs et ses dépôts sur les vêtements, qu’il pouvait entraîner la mort. D’où la sinistre réputation de la couleur verte dans le milieu des comédiens !

D’autres historiens du théâtre mettent au discrédit du vert le fait que les éclairages utilisés alors laissaient dans l’ombre les tissus et les costumes teints de cette couleur. Cela ne plaisait pas aux comédiens, particulièrement aux femmes …

Mais tout cela doit être considéré dans un ensemble de croyances et d’interdits dans le milieu du théâtre, en France comme ailleurs, qui demeurent encore peu documentés et expliqués.

On disait alors d’un vert aux nuances agréables à l’œil, qu’il était « gai », tandis que celui à la coloration déplaisante était qualifié de « perdu ». Ce n’est donc pas « vert clair » et « vert foncé » comme on l’a souvent compris. Il faut entendre « gai » dans son sens joyeux, et « perdu » parce que la coloration s’en est allée ; ce qui se passait très souvent avec le temps … Mais de toutes les façons, cela reste une couleur qui tient mal ; on dit d’elle que c’est une fausse couleur, une couleur incertaine, changeante, trompeuse, à la fois séduisante et décevante.

Donc, associée à tout ce qui est mouvant ou éphémère – la jeunesse, l’amour, la beauté, l’espérance – et tout ce qui est mensonger, hypocrite. A la fin du Moyen Age, dans les images de cette époque, on voit souvent des personnages « négatifs » vêtus de vert. Tous ont à voir avec l’inconstance, la trahison. « Etre vêtu de vert », c’est être prêt à retourner sa veste ! Cette même couleur se retrouve aussi dans les vêtements de personnages se situant en marge de l’ordre social. Cet attribut donné au vert, on le retrouve jusqu’au 20e siècle. On peut citer en exemple les fameux « bas verts » des prostituées, que l’on peut voir dans certaines œuvres de Toulouse-Lautrec, Matisse, etc.

On associe aussi le vert à l’avarice, l’un des sept pêchés capitaux. Parfois aussi à l’envie et à la jalousie. Le lien entre le vert et l’avarice tient au rapport du vert à l’argent. Cette couleur était depuis très longtemps – bien avant le fameux billet vert (le dollar, qui date de 1861) – celle de l’argent. Il y eut une curieuse manie, celle du « bonnet vert » dont on affublait, dès le 14e siècle, les mauvais payeurs dans plusieurs villes d’Italie du Nord, puis en Allemagne, etc. Cela a donné des expressions telles que « porter le bonnet vert », « coiffer le bonnet vert » pour qualifier « être en faillite ». On peut donner deux sens à cette coutume. Soit c’est la couleur de la folie, celle de se lancer dans des opérations à hauts risques, soit celle de l’espérance, « après cela on va rebondir, reverdir » … Tout ceci énoncé sans certitude, bien sûr. Il semble par contre plus judicieux d’associer cette coutume à l’inconstance déesse Fortune vêtue de vert ; sa roue tourne et entraîne avec elle tous ceux qui lui ont fait confiance !

Du point de vue philosophique, la chance et la malchance vont de paire, la roue de la fortune tourne ! Donc, le vert est la couleur de l’indécision, le visage du destin, c’est une partie en train de se jouer, d’où le vert des pelouses des terrains de sport, des tapis de jeu, des tables de ping-pong, etc.

Dès le 16e siècle, les tables de jeu se couvrent de vert, et plus tard le français qualifiera de « langue verte » le jargon utilisé par les joueurs. Plus tard encore, cette langue verte s’appliquera aussi aux différents argots, devenant ainsi triviale et grossière.

Puis vint la Réforme protestante, et avec elle, la guerre contre les couleurs ! Dans le rituel catholique, la couleur joue un rôle primordial. Il y a tout un code de couleurs pour les objets et les vêtements du culte, ainsi que pour les luminaires, les images peintes, etc. Mais Luther déclare que « le temple n’est pas un théâtre ! » Le système des couleurs liturgiques est supprimé. Même le vert, notre fameux vert, qui était considéré jusque-là comme une couleur possible pour les jours ordinaires, doit céder sa place au noir, au gris, au blanc.

On retrouve cette morale dans les vêtements ; les couleurs vives sont jugées déshonorantes, et le vert est particulièrement visé : c’est la couleur des bouffons, des perroquets (oiseaux inutiles et bavards !) La création artistique est également atteinte, mais le vert étant une couleur de la nature, donc de la création, trouve tout de même quelque grâce aux yeux de certains des grands réformateurs.

La mode est donc au noir, surtout pour les costumes d’apparats. Pour la vie quotidienne, et chez les dames, il y a plus de diversité de couleurs. Mais si le vert y est admis, il s’agit de verts foncés. Henri IV, ainsi que quelques-uns de ces prédécesseurs, adoraient s’habiller en vert, mais cela reste du domaine de l’exception.

Le Vert Galant

Henri IV (16e-17e siècle), après sa mort, fut surnommé le « Vert Galant », surnom très flatteur ! Pourtant, à l’origine, « vert galant » désigne tout d’abord un bandit qui se cache dans les bois pour détrousser les passants et attaquer les femmes ! Par extension, par la suite, il devint synonyme de « gaillard », « séducteur ». Le vert ici symbolise la vigueur sexuelle, les turbulences de l’amour. Peut-être faut-il y voir une allusion au mois de mai, le mois « galant » par excellence, celui du badinage, des galanteries et des amours naissantes. D’ailleurs, dans de nombreuses régions d’Europe, le jeune homme amoureux plante un « vert galant », un arbuste vigoureux et bien feuillu, devant la porte ou la fenêtre de sa belle. Sa croissance accompagnera leur destinée commune.

Dans les salons des « précieuses » et des « précieux », on aime la conversation et on use avec excès des superlatifs, l’expression courante étant « d’un vulgaire » ! Aussi disait-on du vert qu’il est « épouvantablement fâcheux », tandis que le rouge est « épouvantablement glorieux » (évidemment, il manque l’accent … ) ! Est-ce l’influence du cardinal de Richelieu qui, lui, détestait cette couleur, affirmant qu’elle portait malheur ? Pour les gens de lettres et d’esprit, cette couleur est surtout ridicule, car c’est celle des bourgeois enrichis, ou des provinciaux ignorants et rustiques, cherchant à imiter les modes de la capitale. Au milieu du 17e siècle, en France, au théâtre, un personnage vêtu de vert est le plus souvent un héros insolite ou burlesque, prêtant à rire. Alceste, le personnage principal de la pièce de Molière « Le Misanthrope » (1666) est quelqu’un de pathétique et ridicule, à l’image de son costume gris orné de rubans verts. Il semblerait que chez Molière la plupart des héros ridicules portaient du vert dans leur costume, soulignant ainsi le caractère caricatural de leur personnage.

Les fées

Même ambivalence dans les contes merveilleux, genre littéraire dont le 17e siècle est friand. Le vert y est la couleur des êtres surnaturels, notamment des fées. Dans plusieurs pays d’Europe, on les appelle les « dames vertes » (Die grünen Damen, The green fairies) ; en raison de leurs vêtements, leurs yeux, leurs cheveux ou le cadre de verdure dans lequel elles vivent. La fée est souvent capricieuse, elle peut rapidement changer d’humeur, d’apparence ou de signification. Alors il faut la craindre et la respecter.

A suivre

Chloé-D. B

Beaux-Arts 2

Beaux-Arts 2

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Petit amuse-bouche avant le prochain chapitre …

Morceau choisi de « parler vert » …

« Il était dans les choux. Si cette ‘ mauvaise herbe ‘ ne lui avait pas coupé l’herbe sous les pieds, s’il avait pu couper le mal à la racine, jamais il ne se serait retrouvé à faire le poireau, à trembler comme une feuille … Il s’était fait planté, avec en plus une gueule de bois de derrière les fagots, alors qu’il voulait juste mettre un peu de beurre dans les épinards, vendre sa salade. Mais comme c’était un vrai cœur d’artichaut, plutôt que de verser des larmes de crocodile, ou pire risquer de se faire embarquer dans le panier à salades, il décida de prendre la clé des champs … il trouverait bien quelqu’un d’autre à qui la faire à l’oseille ! Et il n’y aura pas de lézard cette fois ! Sacrebleu, il n’était pas un cornichon quand même ! »

Dès le 16e siècle, les tables de jeu se couvrent de vert et plus tard le français qualifiera de « langue verte » le jargon utilisé par les joueurs. Et plus tard encore, par extension, cette langue verte s’appliquera aussi aux différents argots, devenant ainsi une langue triviale et quelque peu grossière …

Chloé-D. B.

Beaux-Arts 1

Beaux-Arts 1

Petite chronique de la couleur

L’envie de me pencher sur l’histoire de la couleur, son symbolisme, ses interprétations, ses techniques de fabrication, ses applications, et toutes les croyances et superstitions qui y sont liées, me taraude depuis longtemps déjà. Alors, inaugurer cette section consacrée aux beaux-arts par une chronique de la couleur m’a semblé adéquat, tant celle-ci est importante, par sa présence ou par son absence, dans les arts visuels.

Une raison plus personnelle m’y incite également. La couleur m’a toujours accompagnée.

Dans mon cerveau de synesthète, elle est là depuis toujours, omniprésente, se révélant dans les sons, dans les rêves, dans les écritures, dans chaque pensée qui me traverse. Elle peut être envahissante, et perturber même, par son flot constant et de façon tout à fait paradoxale, l’accès à ma propre créativité d’artiste peintre ! Le choix d’une couleur à appliquer sur la toile se révèle souvent long et compliqué, tant elles sont nombreuses à se bousculer pour y participer !

Bien loin de considérations hautement scientifiques, pour lesquelles je ne suis pas qualifiée, je vais vous inviter à vous balader dans les recettes, superstitions, traditions, étymologies, croyances, et chez quelques peintres qui ont très bien su illustrer notre couleur du moment. Cela ne pourra se faire en un seul épisode, alors j’espère vous intéresser suffisamment pour vous donner envie de revenir sur le blog.

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Aujourd’hui, je vous emmène à la découverte du vert. Pourquoi le vert ? Disons qu’il s’est imposé. Ce printemps, que ce soit en confinement ou en déconfinement, on n’a pas pu ne pas le remarquer ! Il est partout, dans les champs, les forêts, les jardins, les parcs, les bordures, et en plus, il est d’une vitalité insultante ! Insultante pour nous qui ne pouvions souvent l’appréhender que par petites doses … petites doses, oui, mais tellement vivifiantes ! Et puis, parler du vert au printemps, c’est comme évoquer la cannelle en décembre, ou la courge en novembre, c’est une évidence !

Le vert de la nature … Cela semble un concept inattaquable ! Et pourtant, jusqu’au Moyen Age, la couleur verte n’était pas du tout associée à la nature, parce que celle-ci se définissait uniquement par les quatre éléments, le feu, l’air, l’eau et la terre ! En Occident, on doit attendre l’époque romantique (fin 18e – milieu du 19e siècle environ) et un certain goût pour l’orientalisme (en référence à l’islam primitif, c’est-à-dire à l’étendard vert du prophète Mahomet) pour véritablement associer vert et nature.

Vivifiants, disions-nous ! Voilà le mot clé. Vert, issu du latin viridis, vert, verdoyant, jeune, frais, vigoureux, et de virere, être vert, affirmant ainsi le lien du vert à la verdeur ; il semblerait même qu’on puisse établir un lien avec le latin, vir, homme … Etre encore vert … Tous qualificatifs qui indiquent un rapport très fort entre cette couleur et la vie !

Et pourtant, tel Janus, notre vert à deux visages. Disons surtout que l’humanité, au travers de superstitions, d’absence de connaissances scientifiques, lui a imposé ces deux visages, qui sommeillent encore à quelque part dans notre inconscient collectif.

Aux origines du vert

C’est dans les difficultés liées à l’obtention du vert, soit pour les teinturiers, les enlumineurs et les peintres, qu’il faut chercher la source de toutes les superstitions et de la mauvaise réputation du vert. La nature, pourtant si généreuse en verts lumineux, profonds, éclatants, ne l’est plus autant quand il s’agit d’en extraire les colorants qui participent à sa beauté ! Jusqu’au 17e siècle environ, les pigments extraits des végétaux, tels la fougère, les feuilles de bouleau ou de frêne, l’ortie, le plantain, le jus de poireau, etc., de même que ceux extraits des minéraux, tels que la malachite pilée, les terres vertes (des pigments minéraux naturels de teinte verte, constitués de différents composés silicieux et d’autres minéraux), ont été quasiment les seules sources de « vert » pour les teinturiers, les enlumineurs, les peintres. Ces verts ne donnaient pas satisfaction : ils étaient fades, délavés, et très instables car peu résistants à la lumière et aux lessives.

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Bien sûr, on connaissait déjà la fabrication du vert-de-gris, obtenu par trempage de plaques de cuivre dans de l’acide ou du vinaigre. On sait par exemple que les Romains avaient largement utilisé cette technique dans les peintures murales de Pompéi, Lyon, entre autres. Ils trempaient leurs plaques de cuivre dans la fermentation du vin ! Mais c’est surtout dès le 17e siècle que l’on utilisa cette technique, qui donnait il est vrai de meilleurs verts. Mais elle s’avéra également avoir une action corrosive en attaquant les couleurs voisines ou leur support ! On pense aussi que depuis très longtemps déjà, peintres et teinturiers, peu satisfaits des résultats obtenus par les méthodes traditionnelles, ont cherché à produire du vert en mélangeant du jaune et du bleu. Une hérésie en regard des lois et des traditions ! Méthode faite donc « sous le manteau », car beaucoup de mesures contraignantes étouffaient le travail des teinturiers : par exemple celle qui interdisait à un teinturier de rouge de teindre quoi que ce soit en bleu ! Il fallait des licences pour tout ! On avait une aversion pour les mélanges, aversion héritée de la culture biblique qui imprégnait toute la sensibilité médiévale. Mêler, brouiller, fusionner ? C’était vu comme des opérations infernales parce qu’elles enfreignaient l’ordre et la nature des choses voulues par le créateur ! D’où la crainte et la suspicion éveillées par les forgerons, alchimistes, apothicaires, teinturiers, eux qui trituraient à longueur de temps la matière … Il était donc difficile, matériellement parlant, de faire se rencontrer le jaune et le bleu !

Pourtant on a trouvé moult traités de peinture ou recueils de recettes, appelés « réceptaires », destinés aux peintres, aux enlumineurs, certains même écrits par les peintres eux-mêmes ! Mais bien peu d’entre eux utilisaient ce qu’ils préconisaient, tel Léonard de Vinci, qui avait produit un traité de peinture très complet, mais qui n’appliquait en rien ce qu’il proposait !

Il est donc très difficile de dire exactement de quand date l’apparition d’un vert issu du mélange jaune-bleu. On peut dire sans vraiment se tromper que dès le 14e siècle, en parallèle aux méthodes officielles, dans le secret de leurs ateliers, par expérimentations et tâtonnements, nombre sont ceux qui ont cherché à obtenir des verts par le biais de ce mélange.

Ce sont les 18e et surtout 19e siècles qui ont apporté la découverte de pigments verts et de colorants synthétiques, qui ont rapidement remplacé les pigments et les colorants minéraux et végétaux utilisés précédemment. Ils étaient bien sûr plus stables et brillants, mais certains contenaient des niveaux élevés d’arsenic, et ils ont été finalement interdits !

On pense que cet arsenic, abondamment utilisé dans les teintures d’étoffes pour vêtements et tentures, a pu être à l’origine de l’ « empoisonnement » de Napoléon à Sainte-Hélène. L’arsenic est inodore et s’évapore très vite dans des conditions d’humidité …

Les aléas de sa fabrication, alliés aux croyances et contexte social de certaines époques, vont façonner ce double visage, cette ambiguïté liée au vert, dont je vais parler, dans la prochaine chronique.

A suivre …

Chloé-D. B