Présentation et lectures par Nicolas Liénert, historien
avec le concours de Juliette Vernerey, comédienne.
Organisation : Lundis des mots, en association avec le Lyceum Club
Marie de Perregaux, huile sur toile de Friedrich Eduard Traffelet, 65 x 56 cm, vers 1922
Lundi 13 juin 2022 à 18h30, Lyceum Club, Beaux-Arts 11, 1er étage
En août 1917, après son retour de Zurich où elle a rencontré Meinrad, Marie de Perregaux inaugure avec le jeune étudiant une correspondance secrète. Les lettres publiées ici composent un véritable roman d’amour. Avec une rare force d’écriture, la jeune fille exprime l’immense soif d’aimer que la rencontre de Meinrad a éveillée en elle. Outre le bien-fondé de son engagement féministe et son parcours de pionnière qui fera d’elle la première avocate neuchâteloise, elle expose à son aimé sa conception du mariage : « Jamais, non jamais je ne t’obéirai parce que tu seras mon mari.» Profondément ancrée dans le milieu qui est le sien, elle dresse par ailleurs le portrait du quotidien d’une grande famille neuchâteloise, témoigne des catastrophes de son époque – Première Guerre mondiale, Grève générale, grippe espagnole – et livre un aperçu de sa cité natale alors en voie de modernisation.
Nicolas Liénert. « Devenir une femme à part entière… » La correspondance amoureuse de Marie de Perregaux, première avocate neuchâteloise. Éditions Alphil 2020.
Entrée libre
Apéritif offert par le Lyceum.
En passant par Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies……
Italie du sud, Michelin Voyage ed., 2017, carte p. 241.
L’archéologie n’est pas une science figée. Ses méthodes évoluent sans cesse, grâce à de nouveaux procédés et à de meilleures techniques d’exploration. De même, la restauration d’objets devient plus précise et respecte mieux les couleurs et les décorations. C’est ce qui s’est passé de 2014 à 2020, en Campanie et tout particulièrement sur le site de Pompéi où une vaste campagne de fouilles et de consolidations, engagée grâce à l’aide financière de la communauté européenne, a ébranlé certaines convictions.
Une correction dans l’agenda
Ainsi, la date de l’éruption du Vésuve semblait arrêtée au 24 août de l’an 79 de notre ère, comme le certifie Pline le Jeune, selon son meilleur manuscrit racontant la catastrophe à laquelle il a assisté dans son adolescence. Or, depuis longtemps, la communauté scientifique émettait des doutes : les cadavres étaient revêtus de tuniques de laine, des braseros étaient allumés dans les maisons, des restes de fruits avaient été retrouvés, autant de signes d’atmosphère automnale. Mais la preuve, irréfutable, est venue d’un petit graffiti de deux lignes sur le mur de la maison dite « du jardin », récemment fouillée et désormais visitable. On peut y lire : XVI K(alendas) NOV(embres) in oseria promu sumserunt, c’est –à-dire le 16ème jour avant les Calendes de novembre (soit le 17 octobre) a pris dans le garde-manger de l’huile.
Une conception de l’habitat
Les différentes cités de la baie de Torre Annunciata font état de plusieurs concepts d’habitation :
la villa somptueuse et isolée , une sorte de palais aux pièces de dimensions généreuses, appartenant à la famille de Poppée, deuxième femme de Néron, située près de la mer dans une ville romaine appelée Oplontis.
un petit groupe de grandes habitations sur les hauteurs de Stabies :la villa San Marco, encore peu fouillée, et la villa Arianna, étalée sur 11000m2.
un habitat urbain, contigu, mitoyen, comme à Pompéi et à Herculanum, permettant une activité commerciale au rez-de-chaussée. Pièces vastes et confortables, à vocations diversifiées, au rez-de-chaussée et au premier étage ; dégagement sur un péristyle et souvent un terrain extérieur.
A. Villa Oplontis
Près de la mer, en bordure de la ville romaine d’Oplontis (actuellement Torre Annunziata), ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ne fut fouillé qu’à partir de 1964 et ouvert au public en 1980. Cette découverte relativement tardive explique l’état de conservation remarquable des fresques. On y dénombre actuellement 99 pièces et tout n’a pas encore été dégagé. La famille de Poppée, propriétaire, y accueillait des invités pour des banquets aux mets recherchés : par exemple, loir gris ou langue de flamant rose.
La grande villa adjacente à la villa Oplontis est à vocation commerciale ; des entrepôts y stockent le matériel nécessaire à l’intendance : 1500 amphores destinées à la conservation d’aliments, d’huile et de céréales, si bien que la villa Oplontis peut confortablement vivre en autarcie.
Les hôtes ont la possibilité pendant leur séjour de bénéficier de massages, de bains privés, de spectacles d’acrobates. Mais ce sont les fresques de la villa Oplontis qui suscitent l’admiration de touristes encore trop rares.
Villa Oplontis, peinture trompe-l’oeil avec masque et paon (animal associé à Junon)
Petit rappel : structure et technique de la fresque
La fresque (en italien a fresco = sur surface fraîchement peinte ) est une technique de peinture murale caractérisée par l’application sur un enduit frais de pigments de couleurs détrempés à l’eau. La chaux mélangée à de l’eau et à du sable purifié durcit au contact du gaz carbonique de l’air. Cette réaction dégage du calcin, dont l’effet est de fixer les couleurs de la fresque et de les rendre brillantes. Les fresques visibles à Pompéi et environs peuvent être classées selon leur ancienneté et les sujets représentés :
1er style : 200-80 av. J.-C.
2ème style : 80-20 av. J.-C.
3ème style : 20 av.J.-C. – + 45 ap. J.-C.
4ème style : 45 ap. J.-C – + 79 ap. J.-C.
1er style : pas de personnages vivants. Ce style trouve ses sujets de prédilection dans la reproduction de constructions. Il représente souvent un appareil de blocs polychromes ou d’étages, de colonnes. Ses représentations sont colorées, avec une prédilection de rouge, de vert et de jaune.
Villa Oplontis, peinture effet tapisserie
2ème style : les artisans vont faire évoluer ce style en l’étoffant par un effet de fenêtres factices débouchant sur des effets de profondeur et de perspective, tandis que la couleur joue sur les dégradés et les clairs-obscurs. C’est un jeu géométrique sur base architecturale. De plus, la fresque imite souvent le marbre de manière impressionnante. Quelques petits portraits parfois, sous forme de médaillons, font office de signature et rattachent ces paysages imaginaires aux familles propriétaires.
Villa Oplontis, fresque avec petit portrait en médaillon et représentation de fenêtres pour donner un effet d’espace
3ème style : rupture d’avec les styles précédents. Les thèmes mythologiques dominent, sur fond de paysage, de fleurs, de fruits, de nature peuplée d’oiseaux,comme si le propriétaire ne pouvait s’arrêter à un seul choix.
L’importance des fresques ne doit pas faire oublier le recourt à la mosaïque, en particulier pour les sols. Des couloirs entiers, le centre des pièces et parfois des parois murales sont couvertes de minuscules tesselles, déposées avec soin et régularité. Les grandes surfaces n’altèrent pas la finesse des motifs ni l’extrême variété de motifs géométriques des sols. Une utilisation modérée des couleurs, privilégiant une alternance de blanc et de noir rythme les surfaces et les divise.
4ème style : style composite, qui comprend des caractéristiques des 3 styles précédents : scènes mythologiques au centre de grands panneaux colorés, décors de théâtre, art des jardins font entrer les paysages extérieurs à l’intérieur de la pièce et l’agrandissent.
Il est clair qu’on peut trouver sur une même fresque des mélanges de style et l’usage assumé d’une caractéristique antérieure . Dans une même maison, des pièces peuvent être décorées différemment, ou encore la division précise des espaces annonce les tapis et les moquettes de siècles bien ultérieurs.
Ces grandes villas, proches de la richesse des palais, abritent des thermes privés où la touche luxueuse vient du bassin central, bordé de bancs structurés et pourvus de larges pattes d’animaux sauvages (villa Pompei). On n’y lésine pas sur la décoration des murs que la villa Oplontis décore de scènes de chasse, ou, dans une grotte stylisée, abrite un couple dénudé.
Villa Oplontis, thermes privés, scène de chasse en mosaïque sur le mur gaucheVilla à Pompei, thermes privés, bancs pourvus de larges pattes d’animaux sauvages
B. Villa Arianna
Quoique plus modeste, la Villa Arianna (Ariadna) partage avec la villa Oplontis un goût de l’indépendance et de la solitude. Sa surface est de 11000m2. Elle tire son nom d’une de ses fresques illustrant le mythe d’Arianne, fille du roi de Crète Minos. Réouverte après une longue fermeture, elle prend de la hauteur, au-dessus de Stabies, sur un large promontoire qui lui assure une vue que rien ne peut altérer. Elle dispose d’un accès direct et privé à la plage, avec port privé, par un sentier et un escalier qui lui sont réservés. Le mythe d’Arianne raconte comment la belle Arianne, fille de Minos aide le héros Thésée à s’orienter dans le labyrinthe avec une pelote de fil afin de vaincre le Minotaure. Thésée promet de l’épouser après avoir tué le monstre. Il emmène Arianne avec lui lorsque’il quitte la Crète, mais l’abandonne sur l’île de Naxos où elle s’est endormie. Le dieu Dionysos prend alors pitié d’elle, la protège et en fait sa femme.
Il est difficile de laisser en plein air une telle fresque. Comme d’autres, elle se trouve en sécurité au Musée archéologique de Naples, à l’abri du vandalisme, des effondrements et du trafic d’œuvres d’art, qui constituent une vraie plaie pour le travailarchéologique.
B. Environnement urbain (Pompei, Herculanum)
Dès l’Antiquité, un tel habitat implique avantages et inconvénients. Contiguës ou mitoyennes, les demeures se protègent l’une l’autre des dégâts, intempéries et déprédations. Les routes se coupant perpendiculairement donnent accès à tous les quartiers ; elles permettent la circulation des véhicules et disposent de passages pour piétons. Elles favorisent le commerce grâce à des boutiques donnant sur rue. Le négociant, propriétaire ou locataire, loge en général à l’étage supérieur. À l’arrière de la demeure, un péristyle assure zone d’ombre et espaces ensoleillés. Ainsi, vivre en ville n’exclut pas la jouissance du plein air. À l’intérieur, un triclinium raffiné ( ensemble de trois lits pour recevoir un banquet) attend d’accueillir ses hôtes, tandis que l’impluvium (« trou dans le plafond ») assure l’aération, voire un peu d’eau fraîche
Villa à Pompéi, péristyle bien conservé. À noter les colonnes en briques, recouvertes avec un enduit effet marbre blanc avec cannelures.
Le personnel loge entassé dans des chambres hautes. Constamment à disposition de son maître, il n’a pas accès à une vraie vie privée.
De nombreuses fontaines facilitent l’accès à l’eau ; non loin, des thermopolia, sortes de fast food antique, engagent à manger sur le pouce. On a retrouvé dans leurs vastes récipients des fragments d’os de canards, des têtes de porc ou de chèvre, de poissons ou d’escargots, cuisinés ensemble. Comme dans chaque demeure, un laraire protège commerce et maison et veille à la prospérité du lieu.
On dénombre aussi plusieurs boulangeries, avec pains cuits dans le four à bois et farines moulues sur place. Le circuit de distribution est donc particulièrement court.
Pompéi, thermopolium du grec thermos (chaud), et pôléô (vendre), où l’on achetait des plats chauds à l’emporter. À l’arrière, fresque représentant des Lares : divinités protectrices.
Quant à la publicité, elle fait son apparition ; particulièrement suggestive en ce qui concerne les bordels, elle attire le passant de toute origine. À l’entrée d’une coquette demeure, un chien de garde fait office d’alarme : il faut bien protéger ses biens, quand on en a !
Riche villa à Pompéi, entrée, avec chien de garde, et atrium largement recouverts de mosaïques.
Pompéi et Herculanum disposaient chacune d’un théâtre, et des temples qui veillaient sur la ville. Seul un tiers de la surface d’Herculanum a été fouillé à ce jour, le reste de la cité étant enfoui sous les constructions contemporaines.
Cette petite ville, dont on voit bien le niveau, bien en–dessous du sol actuel, dégage un sentiment de bien-être et de quiétude. C’est une gangue de lave qui viendra interrompre le fil du temps, la figera tout en la protégeant. Les fresques y sont restées dans un état impeccable, tout comme les casiers des thermes publics, avec leur aspect bien ordonné de vestiaires.
Herculanum dispose d’un bord de mer, devant lequel un ensemble de hangars à bateaux aligne de larges ouvertures. C’est là que quelque 300 cadavres furent dégagés par les fouilles. Quelque 300 personnes accourues là, avec l’espoir de se mettre à l’abri, sont morts d’asphyxie avant de pouvoir monter dans un bateau.
C’est ainsi que s’arrête la vie paisible d’Herculanum. Tel squelette est peut-être celui du peintre auteur de telle ou telle fresque admirée, tel autre le mosaïste méticuleux agenouillé devant le parterre d’une maison. Ils sont morts, mais restés présents par leur talent, leur patience, leur savoir-faire. Leur monde a basculé de la vie à la mort, de la fraîcheur à la fournaise, des cris au silence. Le drame de Pompéi et des cités alentourinclut l’impuissance humaine face aux catastrophes naturelles. Tel est l’ultime enseignement de l’archéologie : par-delà la philosophie de l’impuissance, nous devons à ces talentueux anonymes la volonté de préserver, de mettre à jour, et par-dessus tout de comprendre.
Le rayonnement des divinités gréco-romaines est tel qu’on peut les rencontrer encore de nos jours. Et c’est bien ce qui m’est arrivé lors d’un récent voyage à Londres. En visitant le British Museum, j’ai (re)vu avec émotion une partie du décor sculpté du Parthénon. La présence d’une partie de la frise, des métopes et des frontons dans la capitale britannique mérite quelques explications.
Salle Elgin, British Museum, Londres
Pour honorer sa déesse tutélaire et manifester sa puissance, la ville d’Athènes, à l’instigation de Périclès, fait construire le Parthénon. Ses architectes sont Ictinos et Callicratès. Quant aux sculpteur Phidias, il est à la fois le maître d’œuvre et le responsable du programme sculpté. Les travaux démarrent en 447 av. J.-C. et se terminent en 432 av. J.-C. Le temple fut toutefois dédicacé officiellement en 438 av. J.-C. avec l’installation de la statue chryséléphantine d’Athéna.
Le temple d’Athéna a été transformé en église entre le 6ème et le 10ème siècle et puis, au milieu du 15ème, avec la conquête ottomane, il devient une mosquée. Malgré plusieurs transformations, le temple est relativement bien conservé. À la fin du 17ème siècle, les Vénitiens attaquent la ville d’Athènes. Les Ottomans se replient sur l’Acropole et transforme le naos du Parthénon (la partie fermée du temple) comme poudrière. Malheureusement un tir de mortier touche le bâtiment qui explose. L’explosion provoque de graves dommages : le toit et les murs s’effondrent, ainsi qu’une vingtaine de colonnes. Le décor sculpté est également endommagé.
Le Parthénon en 1821 (Dodwell)
Au 18ème siècle, les européens peuvent enfin séjourner à Athènes et y étudier les vestiges antiques, grâce à une amélioration des relations avec la Sublime Porte. Plusieurs plans, dessins et peintures sont réalisés.
Au début du 19ème siècle, Lord Elgin est nommé ambassadeur de l’Angleterre auprès de la Sublime Porte. Il a pour objectif de mouler et dessiner les vestiges de la civilisation grecque et notamment de l’Acropole. Grâce à un accord avec les ottomans sujet à interprétation, il parvient à faire « désolidariser » une partie du décor sculpté du Parthénon et à l’envoyer à Londres. Il les a vendues au British Museum qui leur dédie une salle entière.
« West Front of the Parthenon », from Views in Greece, by Edward Dodwell, London, 1821
On trouve trois plaques des frises au Louvre. Les autres sont restées à Athènes et se trouvent au musée de l’Acropole où elles attendent le reste du décor sculpté. En effet, la Grèce réclame le retour du décor sculpté du Parthénon depuis très longtemps. Elle a même réservé une place pour l’ensemble de la frise dans le nouveau musée de l’Acropole, construit par les architectes suisse Bernard Tschumi et grec Michael Photiadis, et ouvert en 2009. Mais le Royaume-Uni fait la sourde oreille. Il faut dire que les collections des musées font souvent l’objet de polémique et certaines œuvres sont parfois rendues à leur pays d’origine ou leur propriétaire légitime. En ce qui concerne les objets archéologiques, l’UNESCO a décidé que tout ce qui est acquis avant 1970 ne doit pas être restitué. En revanche, les objets acquis après cette date doivent être rendus s’il est avéré qu’ils ont été acquis frauduleusement, par exemple à la suite de fouilles clandestines. Ainsi la chance de revoir les marbres d’Elgin retourner à Athènes est assez mince.
La frise du Parthénon a été sculptée par plusieurs artistes, sous la direction de Phidias. Elle entoure la partie fermée du temple (sekos) et elle mesure près de 160 mètres de long. On y dénombre plus de 300 figures humaines ainsi plus de 200 animaux. Selon l’interprétation la plus courante, elle représente la procession du péplos lors des grandes Panathénées.
La fête annuelle des Panathénées, consacrée à Athéna, avait lieu pendant deuxième moitié du mois de juillet du calendrier actuel. Tous les quatre ans, la fête durait plus longtemps et donnait lieu à des concours dits panathénaïques. On parle alors des Grandes Panathénées. Lors des Grandes Panathénées, la cité d’Athènes offrait à sa déesse un péplos. Le vêtement avait été tissé au cours de l’année par des femmes appelées les Ergastines. Le vêtement est apporté sur l’Acropole lors d’une procession solennelle et ensuite, il orne la statue d’Athéna Poliade.
Scène du péplum, Salle Elgin, British Museum, Londres
Un autre élément du décor sculpté du Parthénon montrait la naissance d’Athéna, qui sort armée et casquée de la tête de Zeus. La partie centrale est perdue, sans doute depuis la transformation du temple en église. Les sculptures des parties latérales sont encore présentes. Ainsi la naissance de la déesse est entourée du char d’Hélios, le soleil, qui arrive et du char de Séléné, la lune, qui s’en va.
À la suite de l’annulation de l’atelier Mythologie de février consacré à Athéna, et qui sera reprogrammé prochainement, je vous fais une proposition de lecture qui vous permettra tout de même de vous évader dans l’univers fascinant de la mythologie grecque.
Madeline Miller, née en 1978, est une écrivaine américaine. Elle a étudié le grec et le latin et elle est devenue enseignante de latin dans l’enseignement secondaire. En 2011, elle publie son premier roman, Le Chant d’Achille, qui remporte le Baileys Women Prize for Fiction. Dans ce livre, Madeline Miller retrace l’histoire d’Achille en prenant le point de vue de Patrocle.
Pierre Mignard (1612–1695), Catherine Thérèse de Goyon de Matignon-Thorigny (1662-1699) en Thétis avec ses fils en Achille et en Cupidon, 1691, National Gallery, Londres (Wikimedia Commons)
En 2018 paraît le second roman de Madeline Miller, Circé. On quitte le monde des héros pour celui des divinités et de leurs intrigues. Circé naît d’une des innombrables filles de l’Océan et d’Hélios, le Soleil. Divinité immortelle insignifiante, elle devient une magicienne puissante. Elle éprouve aussi une attirance profonde pour les humains.
Une websérie sur HBO basée sur le roman Circé est annoncée.
J W Waterhouse (1849 – 1917) Circe Invidiosa, 1892, Art Gallery of South Australia, Adelaide (Wikimedia Commons)
Madeline Miller réussit le tour de force de rendre palpitante la lecture d’un livre dont on connaît déjà l’histoire. Si dans Le Chant d’Achille, l’autrice suit relativement fidèlement la tradition mythologie et Homère, elle parvient, dans Circé, à agencer avec brio des épisodes connus par des sources éparses. En plus d’être une narratrice hors pair, l’autrice nous amène à réfléchir de manière profonde sur le sens de l’existence.
Mardi 15 février 2022, à 19h30, Lyceum Club, Beaux-Arts 11, 1er étage
par
Krassimira Jeliazkova-Jones, violon Veneziela Naydenova, piano
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Concert à l’occasion du centième anniversaire (1920-2020) du Lyceum Club Intertanional de Neuchâtel. Au programme: oeuvres de Beethoven, Liszt, Dvořák, Rachmaninov, Sarasate, etc.
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Prix des billets : Adultes : CHF 20.- Lycéennes : CHF 15.- Jeunes en formation : entrée gratuite.
André Sugnaux est parti en 1988 à St-Pétersbourg pour y apprendre l’art des icônes. L’exposition présente des portraits et des paysages inspirés de cette expérience.
Au Pavillon de l’estampe : Œuvres de Jean Lecoultre. L’œil à vif. Et en même temps, jusqu’àu 5 septembre 2021, des œuvres d’Oskar Kokoschka. L’appel de Dresde.
(Beau musée, pas loin de la gare, et le lac est tout près …)
Je me lance à partager avec vous mon expérience d’exercices de dessin et d’aquarelle. Je suis passionnée depuis quelques années par le croquis aquarellé lors de mes voyages. Les voyages annulés, je me suis inscrite, en avril 2020, à des cours en vidéo donnés par un artiste peintre genevois Éric Alibert. Je vous recommande vivement d’aller voir son site et ses nombreux ouvrages édités. Le livre nommé « Alpes » a été offert au pape François par Alain Berset, président de la Confédération en 2018. Une fois par semaine, Eric Alibert propose un thème, avec explications, démonstrations, proposant des modèles d’autres artistes à reproduire ou des photos. Les thèmes sont variés : nuages, arbres, bosquet, montagne, oiseaux, fleurs, couleur de la neige, etc. Je reçois avec d’autres participantes, la correction de mes exercices.
Ces cours ont rythmé ces semaines de confinement et m’ont donné l’occasion d’observer toujours plus précisément et attentivement la nature et les sujets à peindre. Malgré une certaine aversion pour le numérique, j’apprécie ces cours et le travail en solitaire qui favorise la concentration. Quelques amies suivent ces cours et nous pouvons heureusement communiquer et partager nos joies et peines suivant les difficultés de nos apprentissages.
Alors voici quelques images de mes exercices qui je l’espère vous donneront envie de prendre le crayon et le pinceau ou de partager vos créations avec nous.
Anne Catherine H
Paysages – Aquarelles (c) Anne Catherine Hubleur
Oiseaux – Aquarelles (c) Anne Catherine Hubleur
Coléoptères – Aquarelles (c) Anne Catherine Hubleur
C’est une toile réalisée l’hiver passé, avant la pandémie donc. Je l’ai appelée « BAL MASQUÉ ». Elle m’évoquait une scène floue où des personnages aux traits indistincts, oniriques, un peu grotesques, s’adonnaient à une bacchanale ou autre danse rituelle … Derrière ce flou, des restes de barreaux sont visibles … bref, une bacchanale masquant une autre réalité nettement moins festive …
Hiver 2020-2021 : on se croise sans se frôler, les regards parfois se cherchent et se reconnaissent, ou au contraire s’évitent et se font vides d’expression. On devine parfois un sourire sous le masque quand le papier ou le tissu s’étire un peu. On s’amuse un peu devant les masques maquillés au tissu moqueur et on rigole un peu moins en face des nez de canards, trop enclins à nous rappeler la dangerosité du mal sournois qui nous entoure …
J’ai envie de débaptiser ma toile et de la renommer « BAS LES MASQUES ». Mais j’ai peur. J’ai peur de ce que je risque de faire alors apparaître au premier plan …
Car, si derrière, il y avait réellement d’autres barreaux, d’autres prisons, d’autres grillages ? Et si ces barreaux représentaient ce qui nous a ligotés, la surconsommation, le non-respect du Vivant, les besoins effrénés de satisfaire immédiatement notre petit moi … Nous risquons alors de nous retrouver une nouvelle fois à hurler silencieusement notre souffrance, de manque d’Amour, de manque de reconnaissance, de manque de connexion avec notre Terre Mère … encore et encore. Et là, aucun masque ne nous protégera de notre souffrance …
Alors, pour l’heure et peut-être lâchement, je préfère l’inconscience de la bacchanale, dans une relative sécurité partagée dans une folie collective, que de lever le masque et de découvrir cette autre réalité, encore plus destructrice de ce qui est ou devrait être l’être humain … Pour l’heure, j’ai bien dit, pour l’heure … Fortunately, tomorrow is another day …
Ces propos n’engagent que moi, en ce samedi ensoleillé du 9 janvier 2021 …